Tribune | Guinée : une première notation souveraine, un signal à transformer
Le 18 septembre 2025 restera une date historique pour la Guinée : pour la première fois depuis son indépendance en 1958, notre pays s’est vu attribuer une notation souveraine inaugurale par l’agence internationale Standard & Poor’s. Le verdict – B+ avec perspective stable – marque notre entrée officielle dans l’arène des marchés financiers mondiaux.
Un symbole de crédibilité retrouvée
Cette notation n’est pas qu’un simple chiffre. Elle traduit une reconnaissance : la Guinée devient visible, évaluable et comparable dans les radars des investisseurs internationaux. C’est le signe que nos efforts en matière de stabilité macroéconomique et de gestion budgétaire commencent à être reconnus.
La notation prend en compte les réformes récentes, mais aussi les performances tirées des secteurs stratégiques, notamment miniers, malgré un contexte mondial complexe.
Pour rappel, S&P est l’une des principales agences de notation mondiale, aux côtés de Moody’s et Fitch Ratings. Elle évalue la capacité d’un État à honorer sa dette et attribue des notes allant de AAA (risque quasi nul) à D (défaut de paiement). La note B+ obtenue par la Guinée signale une crédibilité naissante tout en soulignant certaines fragilités structurelles.
Entre opportunité et vigilance
La mention « B+ » reste toutefois dans la catégorie spéculative. Elle reflète les vulnérabilités structurelles de notre économie :
dépendance persistante aux revenus miniers,
exposition aux chocs externes,
gouvernance et institutions encore fragiles,
faiblesse des infrastructures de base.
C’est donc une invitation à la prudence et à l’action. Sans réformes profondes, cette reconnaissance risque de rester symbolique.
Une responsabilité collective
Cette notation doit être comprise comme un point de départ et non une finalité. Pour espérer une amélioration dans les prochaines années, la Guinée devra :
consolider la discipline budgétaire et la soutenabilité de la dette,
diversifier ses moteurs de croissance au-delà du secteur extractif,
renforcer la transparence et la gouvernance publique,
investir dans la productivité nationale et le capital humain.
Transformer le signal en levier
Nous entrons dans une nouvelle ère où la crédibilité financière se mesure, s’évalue et se compare. À l’État, aux acteurs privés et aux partenaires de développement de saisir cette opportunité pour bâtir une économie plus solide, inclusive et résiliente.
« Cette notation n’est pas une récompense, mais un test de maturité. À nous de montrer que la Guinée peut transformer la confiance naissante en véritable moteur de développement. »
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Yaya Keita
Économiste
